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Internet, l’apogée du lachon hara 

Malgré la mise en garde de la Torah et les restrictions sans précédent des Sages, le lachon hara a été un problème tout au long de l’histoire juive, et fait encore ravage de nos jours. Chaque personne est concernée par ce problème et se doit de rester sur ses gardes afin de maîtriser tout ce que sa bouche peut ou ne peut pas dire…

Internet, avec ses réseaux sociaux notamment, est le support dernier cri du lachon hara. Il est devenu le moyen privilégié pour propager les critiques et le colportage en quantité massive, et ce de manière très simple. La honte naturelle, qui existe chez chacun d’entre nous, nous aide à surmonter les mauvaises tendances qui résident en nous, car leur réalisation implique une exposition aux autres. Sur internet, par son aspect anonyme ou du moins virtuel, cette retenue n’a pas lieu d’être et la dérive vers le lachon hara est généralisée. Nous pouvons essayer d’imaginer l’effet pervers d’internet au travers de l’exercice de pensée imaginé par Platon: l’anneau de Gygès. Platon imagine un berger, loyal et probe qui, toute sa vie durant, agit de manière juste. Loin de lui la moindre tentative d’abus, de vols ou de crimes. Un jour, tandis qu’il paissait ses moutons, il trouve un cadavre portant à son doigt un anneau. Il s’en empare et le glisse à son doigt.

Peu après, le berger réalise que cette bague lui permet de devenir invisible. Dès lors, notre homme lâchera la bride à toutes sortes de désirs profitant même de cet artifice pour conquérir la reine et éliminer le roi. L’anecdote nous permet de mieux saisir les dangers d’internet.  Les médias sociaux qui permettent aux gens de publier des commentaires anonymes ou d’adopter de fausses identités ressentent ce même sentiment de puissance et perdent totalement le contrôle d’eux-même en diffamant ou en exprimant des horreurs sur leur entourage.

D’ailleurs, certaines applications ne sont crées que dans le but de diffamer ou de donner une appréciation sur le physique des gens. Et hélas, le succès est fulgurant. Ecouter de mauvaises paroles sur autrui procure du plaisir, et soulage nos bas instincts, ce qui explique également le triomphe de la presse à scandale qui flatte notre mauvais penchant.

Sur les réseaux sociaux, le lachon hara connaît un énorme succès car il est considéré comme une occasion de rigoler : on tourne l’autre au ridicule, on se moque de ses manquements, on se bidonne de ses travers. De même, la médisance permet de vider son sac, sert de trop-plein à petites frustrations de toutes sortes et est également un vide-poche à notre agressivité. De plus, on a parfois l’impression qu’elle soulage sans vraiment faire de mal puisque les victimes de nos langues fourchues ne sont pas censées avoir vent de nos propos. Le lachon hara octroie également un sentiment de considération à celui qui le dit car il rassemble une masse d’auditeurs intéressés par ses propos. Enfin, la calomnie peut avoir des allures de ciment social. Effectivement médire est en réalité une alliance avec une personne contre une autre. On s’assure avec son auditeur de partager les mêmes valeurs. Et malheureusement le sentiment de communauté est plus facile à établir dans le fait de rabaisser plutôt que dans les louanges.

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