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Perte de contrôle

Une des différences fondamentales présente entre l’homme et l’animal se situe dans le libre arbitre. En effet, l’homme est, tout au long de sa vie, soumis à des choix et prend des décisions comme bon lui semble. L’animal quant à lui ne choisit pas mais suit son instinct.

Pour que l’homme ait un choix, il faut nécessairement qu’il y ait plusieurs solutions, plusieurs volontés qui s’offrent à lui. En général, le choix réside dans le fait de faire ou le Mal ou le Bien. Mais nous serions en droit de nous demander si l’homme n’est pas doté d’une double personnalité, en effet comment l’homme peut-il posséder deux volontés contraires en même temps, ou faire le bien ou faire le mal?

La réponse est que l’une des deux volontés n’est pas la notre mais le souhait d’une entité extérieure à nous-même, le mauvais penchant.

Pour déterminer quelle est notre réelle volonté, il suffit de savoir quelle est le désir qui nous octroiera satisfaction de nous-même après l’avoir mis en application. En revanche la réalisation du souhait émanant du mauvais penchant nous mènera inévitablement à une déception de nous-même. Par exemple, les fumeurs désirant arrêter la cigarette sont déçus d’eux-mêmes lorsqu’ils cèdent à la tentation. A contrario, s’ils ne craquent pas, malgré les frustrations et les difficultés à surmonter, ils ressentent une grande satisfaction.

Cette déception est l’expression du ressentiment de soumission et de perte de contrôle. En faisant le mauvais choix nous ne permettons pas à notre être d’”exister”, d’extérioriser notre volonté qui reflète notre identité. 

Hazal nous enseignent  : ”רשעים בחייהם קרויים מתיםLes impies sont appelés morts de leur vivant. Celui qui est esclave ne peut pas concrétiser ses volontés, n’a pas de vie propre et n’est que l’objet, le prolongement de son maître. L’impie, esclave de son mauvais penchant, est donc considéré comme mort.

En revanche, le bon choix, qui permet le passage de la volonté au réel, est générateur de satisfaction. La réalisation de notre volonté est un signe de liberté puisqu’il est l’expression de notre contrôle sur le mauvais penchant, certes plus tentant en apparence mais qui est  étranger à notre désir réel. Nous réalisons que nous sommes maîtres de nos choix et nos agissements sont en parfaite harmonie avec nos convictions.

Cependant, pour avoir la possibilité de choisir, il est nécessaire de consacrer du temps afin de se donner un choix. Effectivement, nous avons tendance à n’entendre que la voix de la spontanéité, de l’habitude, des tentations, bref la voix de la facilité qui n’est rien d’autre que l’expression du mauvais penchant. Dans un premier temps et de manière naturelle, nous n’avons donc accès qu’à une seule proposition qui nous pousse à agir spontanément, à l’image de l’animal suivant son destin et qui est dépourvu de choix. Il est donc impératif d’être à l’écoute de la petite voix émanant de notre for intérieur. Cet effort d’écoute nous octroiera une deuxième proposition qui sera le reflet de notre réel désir . Et ainsi, le choix s’offre à nous.

Pharaon, durant l’exil du peuple juif en Egypte, avait justement compris cette notion. En effet, il multiplia les tâches à effectuer par nos ancêtres, ceci pour ne pas leur laisser de temps à la réflexion, les poussant ainsi à rester à l’image de l’animal qui suit son destin. L’option de la rébellion du peuple juif était voué au néant.

Avec le développement des technologies portables qui nous sollicitent de manière continue, il est presque inévitable de perdre le contrôle. Sans même s’en rendre compte, nous pouvons surfer sur le net pendant des heures et réaliser ensuite que n’était pas ce que nous désirions faire a priori. L’immersion virtuelle anéanti la possibilité de réflexion, et d’écoute de soi-même. Le temps s’écoule, on s’oubli soi-même et nous sommes à la merci du mauvais penchant qui s’efforce d’inhiber l’expression de notre réelle volonté. Sur le long terme, une sensation de frustration, une sensation de non existence voire de déprime se font ressentir. 

Puis, la réalité de notre non-existence, de notre esclavage, de notre difficulté à agir en harmonie avec nos réels désirs devient trop difficile à affronter. Le mauvais penchant nous propose donc une solution simple et efficace: fuir cette réalité en plongeant à nouveau toute notre attention dans le monde virtuel. Un cercle vicieux s’installe: l’image que nous avons de nous-même se dégrade encore plus, nous perdons confiance sur la possibilité de reprendre le contrôle et donc nous préférons sombrer dans les griffes du virtuel pour fuir cette dure réalité.

Notre comportement est analogue à celui d’un toxicomane. Effectivement, le toxicomane est celui qui reflète parfaitement celui qui a perdu le contrôle de sa vie..

La vie juive, dirigée par la Torah, doit être exactement le contraire de la vie d’un toxicomane. Le juif aspire à une vie de sens, d’engagement et de contrôle.

Hélas, ce fléau touche également le peuple juif. On observe des mères, poussant leur poussette, le regard rivé sur leur écran, au grand malheur de leurs enfants. Mais aussi des pères qui répondent aux appels téléphoniques, dès leur arrivée à la maison, semblant oublier qu’il y avait des enfants impatients de retrouver leur père et qui méritaient leur attention. Beaucoup d’entre nous souffrent et désirent reprendre le contrôle, d’autres subissent l’internet sans se rendre compte de leur situation catastrophique.

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