« J’ai des vrais moments d’absence où j’étais en train de scroller dans le vide tout en regardant une série sur mon ordinateur, tout en écoutant la radio, tout en regardant la télé ».

« Je me suis aperçue que j’ai perdu la moitié de ma vue en l’espace d’un an à force de sans cesse switcher sur un écran très loin et un écran très près et puis d’être constamment fixée à mon téléphone ».

Les smartphones ont envahi toute notre vie depuis plusieurs années. Ils nous facilitent la tâche à de nombreuses occasions, mais sont aussi accompagnés de leur lot de dangers. En effet la science s’est donnée pour objectif de mesurer leur impact concret sur notre quotidien et les résultats ne sont pas très enthousiasmant puisqu’il s’avère qu’un usage trop trop élevé du web a un impact conséquent sur notre santé physique et mentale.

Mistva de ne pas se mettre en danger

Il est écrit dans le verset de Devarim (4,15):  » ונשמרתם מאד לנפשותיכם / Prenez donc bien garde à vous-mêmes ». Ce commandement nous invite à prendre soin de notre corps et de notre âme.

Le Rambam écrit: « Toute obstruction qui met la vie en danger, il y a une commandement positif de le retirer et de faire preuve d’une extrême prudence comme il est écrit dans le verset (Devarim 4,9) הִשָּׁמֶר לְךָ וּשְׁמֹר נַפְשְׁךָ /  préserve-toi, et évite avec soin » (Hilkhot Rotséah 13,4).

Dans l’alinéa suivant, il ajoute: « Les sages ont interdit beaucoup de choses parce qu’elles sont dangereuses pour la vie. Si quelqu’un ne les respecte pas et dit: « Quelle réclamation les autres ont-ils sur moi si je risque ma propre vie? » ou: « Cela ne me dérange pas » est passible de coup« .

Les utilisateurs accrocs au smartphone sont plus anxieux et dépressifs que la moyenne

Des scientifiques de l’Université de Chicago, de l’Université de Cambridge et de l’Université du Minnesota se sont intéressés à l’impact d’une utilisation prolongée des smartphones. Voici les résultats :

Sur un échantillon de 3 425 personnes ayant utilisé un smartphone, 687 ont déclaré l’avoir trop utilisé. C’est sur ces derniers que l’étude s’est concentrée. Dans ce groupe, l’utilisation d’alcool était plus élevée que la moyenne. Pour autant, aucune corrélation avec un autre problème de drogue n’a été établie. D’autre part, les utilisateurs accrocs au smartphone ont par ailleurs tendance à avoir davantage de partenaires sexuels que ceux qui en font une utilisation normale.

Les problèmes de santé mentale semblent eux aussi être corrélés à une utilisation importante des smartphones. Ainsi, le groupe des utilisateurs assidus avait une estime de soi inférieure à la moyenne. Des taux plus élevés de troubles de déficit de l’attention et de troubles de stress post-traumatiques ont été relevés. Ils sont par ailleurs plus anxieux et dépressifs que le reste de la population. Les chercheurs nuancent en précisant qu’aucun trouble lié à la frénésie alimentaire ni à la dépendance médicamenteuse n’a été mis en évidence.

Désocialisation

Si les écrans rapprochent les gens à travers le monde via notamment les réseaux sociaux, ils peuvent en même temps générer un éloignement physique : les hyper-connectés tendent à :

  • Se replier sur eux-mêmes;
  • Se couper du réel pour se réfugier dans le monde virtuel;
  • Se désintéresser de tout ce qui est extérieur aux écrans;
  • Se désinvestir dans leur relation avec leurs proches, la mettant ainsi en danger;
  • Ne plus trouver de motivation à fréquenter la synagogue et toute la communauté juive qui s’y trouve;
  • Ne plus trouver d’intérêt dans l’étude de la Torah.

En d’autres termes, les écrans deviennent le centre de leur vie au détriment de tout le reste. Le premier risque lié à une pratique excessive des écrans est donc un risque de désocialisation, qui contribue à augmenter les risques dépressifs, éloignant les utilisateurs de la tefila et de la Torah jusqu’à anéantir leur relation sincère avec Hashem.

Santé mentale

S’ils ont un impact sur le plan social, les écrans peuvent aussi avoir des conséquences négatives sur la santé mentale notamment lorsque l’individu dépasse un niveau de «consommation acceptable». Une surconsommation peut ainsi générer de la culpabilité. A contrario un éloignement des écrans peut générer chez l’individu hyper-connecté:

  • De la tristesse;
  • Un sentiment de vide;
  • De l’anxiété;
  • Un mal être pouvant déboucher à des comportements prohibés par la Torah, comme l’agressivité, lachon ara, comportement égoïste…

Addiction

On parle d’addiction comportementale. C’est d’ailleurs le deuxième motif de consultation après le cannabis chez les addictologues.

La « nomophobie », phénomène récent intimement lié à l’essor des nouvelles technologies, est une anxiété démesurée à l’idée de se retrouver sans son téléphone portable.  Ce trouble est considéré, par les chercheurs en psychiatrie, comme une maladie du monde moderne, engendrée par la communication virtuelle. Elle s’est accentuée avec la généralisation des smartphones.

  • Les individus nomophobes tendent à vérifier de façon excessive leurs textos, ou les réseaux sociaux.
  • Ils présentent des difficultés à s’impliquer dans les tâches quotidiennes, craignant la perte de connexion et d’accès à l’information.
  • Chez les personnes nomophobes, le fait de découvrir son portable déchargé, ou la peur de le perdre, peuvent aller jusqu’à déclencher des crises d’angoisse.
  • Il y a trouble si le patient ressent une souffrance, et que le sujet, ayant perdu sa liberté par rapport au produit, se sait incapable de se réguler.

La nomophobie engendre une augmentation de l’anxiété, voire des crises d’angoisse pouvant se traduire par l’oppression thoracique, des sensations de boule dans la gorge et dans le ventre, des nausées et vomissements, des douleurs abdominales

Des symptômes comportementaux peuvent également se développer. Le plus fréquent est l’évitement de situations où la personne nomophobe pourrait être privé de son portable. Un individu atteint d’une telle dépendance risque ainsi de réduire son champ d’activités. Par exemple, il refusera de se rendre dans des lieux où il pourrait se retrouver coupé de réseau.

Cette addiction au téléphone portable est parfois, surtout chez les sujets jeunes, corrélée aux troubles de la personnalité, ou à des désordres comme des troubles obsessionnels compulsifs ou une anxiété d’interaction sociale.

Pour faire face à ce sentiment de mal être, il n’a pas d’autre choix alors que de se reconnecter, entrant ainsi dans un cercle vicieux ou le manque d’écrans génère un malaise qui est compensé par une surconsommation d’écrans.

smartphone addict

Une pratique excessive des écrans aurait également un impact sur:

  • le stress;
  • les troubles de l’humeur;
  • l’hyperactivité.

Les smartphones affectent également les capacités cognitives s’ils se trouvent à portée de main, et ce même s’ils sont éteints. Une étude a testé l’hypothèse de la «fuite des cerveaux» selon laquelle la simple présence de son propre smartphone peut occuper des ressources cognitives à capacité limitée, laissant ainsi moins de ressources disponibles pour d’autres tâches et nuisant aux performances cognitives. Les résultats de deux expériences indiquent que même lorsque les personnes réussissent à maintenir une attention soutenue, comme pour éviter la tentation de vérifier leur téléphone, la simple présence de ces appareils réduit la capacité cognitive disponible. De plus, ces coûts cognitifs sont les plus élevés pour ceux qui sont les plus dépendants des smartphones.

Santé physique

Un usage abusif et incontrôlable des écrans peut aussi avoir un retentissement majeur sur la santé physique, entraînant différents problèmes :

  • des mauvaises postures prolongées pouvant être sources de douleurs voire déclencher des troubles musculo-squelettiques (TMS) qui affectent principalement les muscles et tendons de la région lombaire, de la nuque, des épaules, des poignets et des mains. On estime ainsi que 5 % des TMS en France seraient dus au travail sur écran ;

  • des déséquilibres alimentaires pouvant à terme favoriser l’apparition de problèmes de perte de poids, de surpoids ou d’obésité : on saute des repas pour éviter d’avoir à interrompre son activité sur écran, on compense en grignotant ou en mangeant trop au repas suivant… ;
  • un manque d’activité physique qui, associé à une alimentation déséquilibrée, augmente significativement le risque cardio-vasculaire ;
  • des troubles du sommeil
    • Tout d’abord, les activités nocturnes sur écrans peuvent en effet empiéter sur le temps de sommeil, ce qui peut à terme dérégler le rythme biologique et générer un épuisement et une fatigue chronique. 
    • Ensuite les nouvelles technologies ont donné naissance à une société sur le qui-vive, où tout le monde est sur ses gardes, de jour comme de nuit. Alors qu’ils devraient se libérer de ce qui se passe autour d’eux lorsqu’ils vont se coucher, l’attention des accros aux écrans reste sous tension. On parle de « dormeurs sentinelles ».

    • Enfin, la lumière bleue émise par les écrans bloque l’hormone du sommeil et stimule l’éveil. En effet, la lumière, qu’elle soit naturelle ou artificielle, joue un rôle essentiel sur l’horloge biologique et synchronise nos fonctions vitales. Pour exemple, la température du corps, la tension artérielle, la vigilance, les performances cognitives… sont maximales le jour. Au contraire, le soir, c’est la relaxation musculaire, la pression de sommeil et la sécrétion de mélatonine (hormone favorisant l’endormissement) qui sont à leur plus haut niveau. Mais, si le dormeur est inconsciemment en attente de communication, le moindre signal lumineux délivré par les écrans le perturbera
  • une fatigue visuelle 
  • des maux de tête, etc.